26 I Enveloppe BÂTIMÉTIERS n°55 Juin 2019 FAÇADES UN CHÂTEAU RÉHABILITÉ ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ La Grande Loge maçonnique de France a choisi de déménager ses locaux marseillais dans un château du XVIIIsiècle. À la rénovation à l’identique de la bastide d’inspiration italienne s’est ajoutée une extensione à l’architecture contemporaine. Les travaux de façades ont été confiés à une seule entreprise, qui a eu recours à la fois à des techniques traditionnelles, pour redonner son lustre d’antan au bâtiment principal, et à des procédés de bardage modernes pour envelopper l’extension. Il était une fois… un château au richepassé, évoqué par Marcel Pagnol dansLe Château de ma m , puis peu à peuèreJean-Pascal Clément, à qui est confié le projet,l’objectif est double : il s’agit à la fois de réha-biliter le bâtiment principal dans le style deSAVOIR RELEVER LE DÉFICe mariage de l’ancien réhabilité et du neufcontemporain constituait une véritable gageure laissé à l’abandon. Construite en 1792 dans l’époque, et d’y ajouter une extension neuve pour les entreprises de construction – pilotées l’actuel XI arrondissement de Marseille, cettee recelant un temple de 400 places, l’ensemble par l’entreprise générale Cari – et en particulier grande bastide d’inspiration italienne bapti- totalisant plus de 2 000 m de surface exploi-2 pour le façadier, impliqué très tôt dans le projet. sée en 1907 « château Saint-Antoine » par son table. Après plusieurs esquisses, l’architecte « On distingue habituellement deux écoles propriétaire d’alors, le comte Guy de Robien, opère pour l’extension un choix radical : dans les métiers de la façade : celle de la tradi- a connu plusieurs transformations et proprié- « Plutôt que de construire un pastiche s’inspi- tion, représentée par les enduiseurs, et celle de taires avant de tomber progressivement en rant du château, ce qui aurait alourdi l’esthé- la modernité, représentée par les bardeurs, ruine, à partir des années quatre-vingt-dix. tique de l’ensemble, nous avons conçu un explique Gérard Chiocch, grant e ’entre-iaé dl Plus de vingt ans plus tard, en 2017, la Grande ouvrage en opposition de style, résolument prise Générale de Façades, basée à Fréjus (Var). Loge de France (GLDF) décide de la racheter contemporain, en référence à la symbolique Ces deux écoles ont chacune leur culture et à la Soleam, la société publique d’aménage- ésotérique maçonnique. » L’extension prend leurs adeptes, et elles ont plutôt tendance à se ment de la métropole marseillaise, pour y ainsi la forme d’une pyramide monolithique côtoyer qu’à se mélanger ! Le défi pour nos abriter neuf temples et 70 loges marseillaises, tronquée en béton noir, dont le large porte-à- équipes était d’arriver à concilier ces deux à l’étroit dans leur hôtel d’alors, situé dans le faux de 10 m la fait comme « flotter » dans l’air.approches au sein du même projet. Et de prou- quartier du Prado. Il ne s’agit rien de moins Cette structure fermée et enbiais répond à celle, ver que l’innovation n’est pas l’ennemie de la que de construire le plus grand hôtel maçon- ouverte et droite, du bâtiment principal. « Ces tradition. » Pour le façadier, le chantier démarre nique de France ! Si le nouveau propriétaire deux architectures “opposées” se marient en novembre 2017 et se déroule en deux phases. fait renaître le château Saint-Antoine de ses pourtant bien, décrit Jean-Pascal Clément, la La première est consacrée à la mise en place cendres, il souhaite également l’agrandir en lecture indépendante de l’une et de l’autre ne du bardage en double peau sur l’extension. l’ancrant dans la modernité. Pour l’architecte bouleversant pas la lecture de l’ensemble. » « Notre bureau d’études a, dans un premier Retrouvez-nous sur www.ffbatiment.fr SEDAÇAF ED ELARÉNÉG ©