60 I Autour du chantier BÂTIMÉTIERS n°55 Juin 2019 AMIANTE LE CASSE-TÊTE DE LA GESTIONITE par enduitsur PSE DES DÉCHETS EN PETITE QUANTITÉ Limiter l’usage des mousses PU Les entrepreneurs et artisans qui réalisent de En isolation thermique extérieure petites interventions sur amiante font face (ITE) par enduit sur polystyrène à de nombreuses difficultés pour gérer les expansé (PSE), l’utilisation déchets amiantés générés sur leurs chantiers. de mousses de polyuréthane (PU) La FFB propose plusieurs solutions pour entre les panneaux est encadrée améliorer la situation. par le cahier des prescriptions techniques 3035_V3 « Systèmes d’isolation thermique extérieure Déjà difficile avant 2016, l’accès à un exutoire pour par enduit sur polystyrène expansé ». les déchets amiantés en petite quantité, notamment Il y est précisé que « les mousses de polyuréthane expansives les déchets d’équipements de protection individuelle en aérosol sont des produits (EPI) et de moyens de protection collective (MPC) de remplissage occasionnel pollués par des fibres d’amiante, perdure malgré des éventuels joints ouverts entre la nouvelle réglementation issue de l’arrêté du les panneaux isolants (joints 15 février 2016 relatif aux installations de stockage de dont la largeur ne dépasse pas déchets non dangereux, qui a mis fin à la distinction 10 mm) ou de rebouchage des entre amiante libre et amiante liée (Bâtimétiers n° 50, petites cavités très localisées ». p. 60). Si la situation est très hétérogène selon les Ceci implique que les mousses ne doivent pas être utilisées territoires, on constate partout des difficultés éco- sur tout le pourtour des panneaux nomiques et administratives s’ajoutant aux éven- a fait plusieurs propositions et relève que des solu- de PSE. Il faut avoir à l’esprit tuelles difficultés logistiques et géographiques. Les tions émergent.Ainsi, la Fédération propose d’ouvrir qu’un moussage trop important entreprises réalisantde petites interventions sur les ISDND (installation de stockage de déchets non peut entraîner des microfissurations amiante (sous-section 4) sont les premières concer- dangereux) accueillant déjà des déchets de construc- au droit des plaques, et des défauts esthétiques courants (phénomène nées. Ces freins à une collecte propre et sécurisée tion amiantés à la possibilité d’accueillir aussi les de spectre par exemple) qui posent engendrent des risques sanitaires pour la population déchets amiantés d’EPI et de MPC. Cela réduirait parfois problème à la réception et des risques pour l’environnement, car ces déchets fortement les frais et faciliterait la logistique. Elle du chantier. peuvent finir par être collectés en mélange dans les suggère aussi derenforcer l’accueil des déchets En conséquence, il est préférable déchetteries, voire en dépôts sauvages. La première d’amiante-ciment pour les petites entreprises et les d’utiliser le moins possible difficulté est de trouver un centre de collecte, de tri particuliers dans les déchetteries publiques, et de ces mousses PU et, à tout le moins, ou de dépôt à proximité de son chantier ou de son favoriser l’ouverture de nouvelles installations de de limiter l’épaisseur des joints entreprise. Aujourd’hui, encore 19 départements ne en mousse. Le cas échéant, on peut vitrification car une seule existe en France. Enfin, prévoir de recouper les plaques disposent d’aucun point d’apport pour les déchets elle propose d’alléger les contraintes réglementaires au fil chaud pour éviter des joints amiantés. Par ailleurs, les coûts sont rapiementd en permettant la mutualisation et la massification ouverts ou cavités entre plaques. prohibitifs : l’accès à une installation de stockage des déchets de plusieurs petits chantiers réalisés par de déchets dangereux (ISDD) pour quelques kilos une même entreprise ou par plusieurs entreprises, de déchets constitués d’EPI ou de MPC fait l’objet et de moduler les frais d’accès aux ISDD en fonction d’un forfait d’environ 350 € HT, sans compter les de la quantité de déchets. En parallèle, des solutions frais de transport et de traitement. À cela s’ajoutent globales, clés en main, pour la gestion des petites de nombreuses obligations administratives pourquantités de déchetsd’amiante commencent à chaque chantier et chaque type de déchet amianté émerger. Elles sont proposées par les grands acteurs (de construction ou de travail). Certificat d’accep- des déchets (Suez avec Pléco, Séché Environnement tation préalable, bordereau de suivi de déchets avec Séché Connect ou encore Veolia avec pack d’amiante et, dans certains cas, recours à des trans- Clic'BAG) ou par de nouveaux acteurs nationaux, porteurs agréés ADR(accord sur le transport de comme Recy’Amiante (proposé par Extramiante), marchandises dangereuses par route) : autant de ou régionaux comme Amiante & Co (Grand-Est). sources de coûts supplémentaires. Par ailleurs, ces Des solutions technologiques apparaissent aussi, difficultés prennent une dimension particulière comme Amiabox de Nantet (conteneur de stockage dans les départements et collectivités d’outre-mer : sécurisé avec un système d’aspiration) ou Dhyva de rares sont les filières d’élimination de ces déchets Colas (destruction hydrothermale d’amiante liée). sur ces territoires, qui se voient donc contraints de Parfois encore trop coûteuses, ces solutions pour- les exporter en métropole. raient être encouragées viaune aide aux entreprises Pour pallier ces problèmes, la FFB, dans le cadre du utilisatrices, par exemple, et mériteraient qu’on les Plan recherche et développement amiante (PRDA), fasse davantage connaître. J Retrouvez-nous sur www.ffbatiment.fr SEBMOC ILAGAM - BFF ©